Mâle Callochromis pleurospilus - Photo d'Andreas Werth.



Description :


Callochromis pleurospilus a été décrit par Boulenger en 1906, sous le nom de Pelmatochromis pleurospilus, puis a ensuite été mis dans le nouveau genre Callochromis établit par Regan en 1920. Il y est toujours aujourd'hui. Callochromis a quelques particularités communes avec les espèces du genre Xenotilapia, mais diffère par le fait d'avoir deux lignes latérales et les rayons externes dans les nageoires ventrales plus longs que les rayons intérieurs, alors que les Xenotilapia (sensu Poll 1986) ont trois lignes latérales et les rayons externes dans les nageoires ventrales sont plus court que les rayons intérieurs.

Callochromis pleurospilus est un incubateur buccal maternel avec un dimorphisme sexuel bien distinct : Alors que les mâles sont magnifiquement colorés, les femelles sont bien plus discrète dans leurs robes grises. Le corps est allongé et la longueur standard est de 10-11 cm pour les mâles et un peu plus petit pour les femelles. Les yeux sont gros, ovales, et placé assez haut sur la tête. Un élément très caractéristique et qui fait le lien avec chaque espèces du genre Callochromis est cette ocelle allongée unique dans la nageoire anale des mâles. elle apparait sous la forme d'une bande orange, et qui ne peut etre vu sur aucun autre incubateur buccal dans le lac Tanganyika.

Le specimen type de Callochromis pleurospilus a été capturé à M’pala au Congo, mais a une distribution large et plusieurs variétées géographiques sont connus. Les variétés du Burundi, de Zambie et de Kigoma en Tanzanie sont les plus souvent exportées pour l'aquariophilie. La variété du Burundi est connu sous le nom "red-dotted pleurospilus" et a une ligne horizontale de 6 points rouges sur le coté. La variété de Zambie est connues pour être la plus rouge, et la dernière varieté de Kigoma est connues sous le nom commercial "Greshakei ou "Rainbow-pleurospilus" (Konings 1998). Cette dernière a une large bande rouge sur la nageoire dorsale et un magnifique corps argenté avec des reflets bleu-vert sur tout le corps.

La phylogénies moléculaires a confirmé le résultat des études morphologiques : Le genre Callochromis constitue a lui seul un clan indépendant dans la tribu des Ectodini (Koblmüller et al. 2004). En 1998 Takahashi et Nakaya ont fait de Callochromis stappersii un synonyme junior de C. pleurospilus par données de recouvrement morphométrique entre ces deux espèces (Takahashi et Nakaya 1998). Mais une analyse moléculaire récente a montré que C. stappersii serait en fait un taxon valide (Koblmüller et al. 2004).

Callochromis pleurospilus est trouvé dans les zones sabloneuses et riches en sédiments du lac, souvent pret d'une embouchure de rivière ou d'une baie protégé. Les plantes aquatiques sont présentes dans son habitat, les plus communes étant les Vallisneria spiralis, Ceratophyllum demersum, Myriophyllom spicatum et Hydrilla verticillata (Konings 1998). En dehors de la saison de reproduction, Callochromis pleurospilus forme de larges groupes ; ils se nourrissent principalement de crustacés, petits escargots, crevettes, larves d'insectes et autres invertébrés que des analyses stomacales ont pu révéler (Poll 1956); Callochromis pleurospilus peut donc être qualifié de carnivore.


Mâle Callochromis pleurospilus en parade - Photo d'Andreas Werth.

Callochromis pleurospilus se nourrit en fouillant et filtrant la couche supérieur du sable. Dans le lac ils laissent sur leur passage des petits puits creusés dans le sable, où ils avaient recherché de la nourriture. La même chose peut être vue en aquarium.

C. pleurospilus est un incubateur buccal maternel, Les mâles construisent des nids dans le sable, souvent pret d'une roche ou d'une plante ; le nid est situé en eau peu profonde, souvent moins de deux mètres de profondeur. Le nid a un diamètre d'approximativement 15 cm avec un contour plus élevé. Les femelles matures sont souvent vues en groupe sous la protection de plantes aquatiques ou sur le bords d'une region rocheuse de l'habitat. Les femelles en incubations sont souvent trouvées seules ou en petits groupes, et se dissimulent le mieux qu'elles peuvent dans les plantes. (Konings 1998).

En aquarium, Callochromis pleurospilus s'avère, en dépit de sa délicate apparence, être un sabulicole plutôt agressif. Avec lui, la meilleure maintenance est en petit groupe, avec un seul mâle pour au moins trois femelles. Si il y a plus d'un mâle dans le même bac, le plus fort va très vite dominer le bac, et l'autre mâle sera dans le meilleur des cas, toujours cachés derrière les pierres, dans le pire des cas, le second mâle sera retrouvé mort.

Un groupe de type harem, peut être maintenu dans un aquarium d'une largeur minimum de 120 cm, et si il y a suffisament d'abris pour les femelles. Prévoir un fond avec beaucoup de sable fin, l'aquarium doit aussi contenir de nombreuses cachettes dans des éboulis de roches, et quelques plantes denses, pour offrir aux femelles un maximum de protection.

L'agressivité de Callochromis pleurospilus peut être un inconvenient quand on essaye de maintenir plusieurs mâle dans le même aquarium, c'est en revanche un avantage quand on tente de les maintenir en bac communautaire avec d'autres espèce de cichlidés du lac Tanganyika, car il ne sont pas aussi délicat que beaucoup d'espèce du genre Xenotilapia. Callochromis pleurospilus peut sans problème être maintenu avec quelques espèces de pleine eau comme par exemple Cyprichromis sp. “leptosoma jumbo” ou encore Ophthalmotilapia ventralis, bien sur, il faut adapter le volume de l'aquarium en conséquence, et devra être plus grand que celui mentionné plus haut. Callochromis pleurospilus ira bien aussi avec des espèces cavernicoles naines ou de taille modestes du genre Neolamprologus, si l'aquarium est décoré avec suffisament de roches pour offrir des abris à toutes les espèces et toujours avec une plage de sable libre pour Callochromis pleurospilus.

Le menu consiste à copier le régime naturel, avec diverses nouriture congelés comme les artemias, cyclops, mysis, qui seront parfait, ainsi que des petites crevettes. J'ai souvent observé Callochromis pleurospilus en pleine chasse de nourriture. Il s'arrête net, nage un peu en arrière, regarde le sable et y plonge soudement la tête jusqu'au yeux ! Pour satisfaire son comportement naturel, j'enfoui parfois des morceaux de nourriture congelé dans le sable ; Il ne faut pas s'inquieter de la nourriture non consommée avec cette espèce. Le poisson la trouvera rapidement dans le sable et c'est toujours très intéressant à observer !



Reproduction :


Callochromis pleurospilus est comme le reste des trois espèce du genre Callochromis un "lek breeder" : Un grand rassemblement de mâles et de femelles en vue de la reproduction. Dans son habitat naturel, les nids sont placés à quelques mètres les uns des autres, et c'est la raison pour laquelle vous ne pouvez maintenir plus d'un mâle par aquarium ; les mâles se battrait constamment, et le plus fort tenterait de chasser le perdant en dehors du territoire. Dans un petit aquarium, les dominés ne peuvent echapper à la détermination du mâle reproducteur ; dans le temps l'histoire fini toujours comme décrit précedement, avec un seul mâle restant dans l'aquarium.


Femelle Callochromis pleurospilus en incubation - Photo d'Andreas Werth.

Mais le plus intéressant n'a pas encore été décrit ici : la ponte. Le mâle dans son nid de sable, va essayer vigoureusement de plaire à la femelle, et si il y reussi il va ensuite tenter de lui barrer la route, pour eviter qu'elle ne s'échappe. Le mâle attire ensuite la femelle au centre du nid et lui montre où déposer les oeufs ; Il fait ceci en repliant sa nageoire anale. La bande orange devient donc une ocelle qui ressemble à un oeuf en trois dimensions, tous se passe toujours au centre du nid, vraiment très intéressant à observer ! La femelle dépose quelques oeufs au centre, et tourne pour les prendre en bouche. Pendant ce temps là, le mâle continu d'attirer la femelle avec sa nageoire anale repliée qui donne l'illusion d'un oeuf. Quand la femelle s'approche pour tenter d'attraper l'oeuf, le mâle libère alors sa semence. Il résulte que les oeufs sont fertilisés dans la bouche de la femelle. Ce scénario se répete jusqu'à ce que la femelle n'ai plus d'oeufs.

Les femelles Callochromis pleurospilus peuvent incuber de 15 à 50 oeufs. Les femelles sub-adultes ont une trop petite cavité buccal pour tout prendre, et elles produisent souvent plus d'oeufs qu'elles ne pourraient incuber. Les oeufs en trop sont alors mangés par les mâles. Etant un incubateur buccal maternel, seules les femelles gardent les oeufs et larves en bouche sur une période de 18/21 jours. Les alevins font approximativement 10 mm à la nage libre, et les femelles ne font pas de soins post buccaux. Les nouveaux alevins seront immédiatement nourrit avec des nauplii d'artémias fraichement éclose et des cyclops. Les jeunes grandissent relativement vite et atteigne 20-25 mm après deux mois. Après un an ils atteignent la taille de 6-7 cm et sont pret à se reproduire ; quelques individus sont matures sexuellement dès 4-5 cm.



Conclusion


Callochomis pleurospilus est un magnifique sabulicole, avec un comportement de reproduction parmis les plus spectaculaire des sabulicoles, mais c'est aussi un poisson agressif... Alors au lieu de voir l'agressivité comme un frein à la maintenance de cette espèce, il faut utiliser leur temperamment pour les maintenir dans un bac communautaire de cichlidés du lac Tanganyika où ils sauront se faire respecter. Là où beaucoup d'autres sabulicoles seraient stressés ou dominés.





Texte : Thomas Andersen (www.cichlidae.info)
Traduction : Raphaël Lang (AFC 0422.94)
Photos : Andreas Werth (www.aquarienfotografie.net)



Références :

- Boulenger, G. A.; 1906; "Fourth Contribution to the Ichthyology of Lake Tanganyika - Report on the collection of fishes made by Dr. W. A. Cunnington during the third Tanganyika Expedition, 1904-1905"; Transactions of the Zoological Society of London; pp. 537-619.
- Koblmüller, S. & W. Salzburger & C. Sturmbauer; 2004; "Evolutionary Relationships in the Sand-Dwelling Cichlid Lineage of Lake Tanganyika Suggest Multiple Colonization of Rocky Habitats and Convergent Origin of Bipartental Mouthbrooding"; Journal of Molecular Evolution; n. 58, pp. 79-96.
- Konings, Ad; 1998; "Tanganyikan Cichlids In Their Natural Habitat"; Cichlid Press; .
- Poll, Max; 1956; "Poissons Cichlidae"; Exploration hydrobiologique du lac Tanganika (1946-1947) - Résultats scientifiques; pp. 1-619.
- Poll, Max; 1986; "Classification des Cichlidae du lac Tanganika. Tribus, genres et especes"; Academie royale de Belgique, Mémoires de la Classe des Sciences; Collection in 8 - 2ème série, 45 (2); p 66-67.
- Regan, C. Tate; 1920; "The Classification of the Fishes of the Family Cichlidae.-I. The Tanganyika Genera"; Annals and Magazine of Natural History; (Ser. 9) v. 5, n. 25, pp. 33-53.
- Takahashi, T & K. Nakaya; 1998; "Callochromis stappersii (Boulenger, 1914) from Lake Tanganyika, a junior synonym of C. pleurospilus (Boulenger, 1906) (Perciformes, Cichlidae)"; Ichthyological Research; v 45, n. 4, pp. 413-418.