Catégories : Eau douce, Divers.
Par Jonathan Bouquerel, juin 2007.
Reconstitution de l'eau, investir ou pas ?
(lu 15050 fois)Par Jonathan Bouquerel, juin 2007.
Il faut réfléchir mainte fois avant d'investir dans le matos nécessaire à la reconstitution de l'eau pour nos poissons. Osmoseur, sel, balance de précision parfois... Pas toujours facile de se décider à faire ces acquisitions, le compte en banque risque franchement de faire la tronche ! Ces achats sont ils réellement justifiés ??
A cette question, je répondrai oui et non! Pourquoi, et bien c'est très simple! Tout d'abord, il y a les chanceux qui habitent dans des villes ayant une excellente qualité d'eau. Une préparation de base avec un bon dégazage pour enlever le chlore et hop le tour est joué ! Bien entendu, il faut que les paramètres physico-chimique de l'eau de conduite concordent avec ceux nécessaires à la maintenance de vos écailles. Il est assez aisé de tricher et d'ajouter quelques sels qui relèveront sans soucis la dureté et le pH de votre eau.
Ensuite, il y a les autres... ceux qui vivent dans de petits hameaux en bout de canalisation ou ceux qui restent dans les grandes villes où la qualité d'eau est plus que médiocre ! Et là , la question est à méditer !
Dans notre charmante région nord pas de calais, nous ne sommes pas gâtés ! Soit nous sommes au beau milieu des grandes villes (Lille par exemple), soit en pleine campagne... Dans les deux cas, ce n'est pas gagné !
Il faut savoir que l'eau doit répondre à 63 critères pour qu'elle soit consommable qui eux mêmes sont classés en 7 groupes !
Voilà les 7 groupes, ça va vous en apprendre un peu plus sur ce que vous risquez de trouver finalement dans votre flotte :

1. Paramètres organoleptiques (couleur, saveur et transparence de l’eau)
2. Paramètres physico-chimiques (caractéristiques naturelles de l’eau : température, conductivité, pH...)
3. Paramètres concernant les substances indésirables (teneur maîtrisée en fluor, nitrates...)
4. Paramètres concernant les substances toxiques reconnues (doses infimes en plomb, chrome...)
5. Paramètres microbiologiques (absence de bactéries et de virus pathogènes)
6. Pesticides et produits apparentés (doses infimes)
7. Paramètres concernant les eaux adoucies ou déminéralisées (teneur minimale en calcium, magnésium, carbonate ou bicarbonate)
Encore une chose à savoir, la réglementation française n'utilise jamais les termes "eau potable" ou "potabilité de l'eau". En effet, une eau qui ne respecterait pas tous les critères de qualité requis pourrait cependant être potable. Etant donné la marge de sécurité que les normes intègrent, un dépassement temporaire et modéré est la plupart du temps sans conséquences pour l'homme ! Mais pour nos écailles, ce n'est nullement la même chose ! Et là ça devient relativement dangereux ! Donc là encore il faut être prudent !
Ce qu'on ne vous dit pas et que l'on ne vous liste pas, ce sont tous les produits utilisés pour le traitement de la flotte, les substances non dangereuses pour l'homme mais qui pourraient cependant être dangereuses pour nos écailles ! En effet, il existe également des critères de qualité secondaires... Il s'agit de valeurs dont il faut se rapprocher plutôt que de limites à ne pas dépasser. En particulier ces critères portent sur le confort de l'usager. Par exemple, la quantité de chlore utilisée pour désinfecter n'est limitée par aucune norme. Il existe cependant une valeur indicative (0,1 mg/l.) qu'il est considéré comme souhaitable de respecter. Cependant, l'impératif sanitaire l'emportant sur toute autre considération, il arrive régulièrement que cette valeur soit dépassée voire même largement surtout.
Le chlore, justement, revenons y. En général, il est relativement volatile et un bon brassage de la flotte l'évapore rapidement ! Cependant, certains dérivés du chlore, qui peuvent être utilisés sont moins volatiles et là ça peut devenir relativement embêtant... En effet, pour nos poissons, le chlore est relativement irritant et peut entraîner des troubles respiratoires sur le long terme (brûle les branchies)... Ensuite, il y a ces fichues nitrates, qui sont bel et bien toujours présentes! (50mg/l au max)
Pour en revenir sur le NPDC, les grandes villes peuvent avoir une bonne qualité de flotte mais généralement des taux énormes en chlore et dérivés de chlore... et oui c'est là que les risques d'attentats bactériologique sont les plus grands... Le chlore étant un antibactérien puissant et non dangereux pour l'homme en quantité raisonnable, on en profite pour en mettre une bonne dose ! Ensuite, je me répète mais il existe certainement d'autres produits de traitements que l'on ne connaît pas... et qui sont à risque pour nos écailles ! Un petit quote intéressant "Les caractéristiques des eaux brutes sont extrêmement variées. Il existe un certain nombre de procédés élémentaires destinés à les traiter. Mais, de même qu'à partir de briques identiques l'architecte peut construire une infinité de maisons différentes, le professionnel de l'eau peut combiner de manières très diverses ces procédés en fonction des cas spécifiques. En outre, chaque procédé pourra changer de rôle en fonction de la place qu'il occupe dans la filière du traitement et de la façon dont il est mis en œuvre."
Pour vos changements d'eaux, je vous déconseille de les faire après les périodes de grande pluie, et lors des vagues "vigipirates" ! Etant donné qu'en ce moment, nous sommes en pleine terroristophobie... ce n'est donc pas trop propice ! Possédant également une flotte déplorable à l'origine, j'ai donc décidé d'investir pour reconstituer ma flotte !
Pourquoi ? Car les poissons relativement fragiles tels que les sabulicoles, Cyprichromis du Tanganyika, les poissons sauvages ne supportent pas une mauvaise qualité d'eau! Et ils sont relativement sensible au chlores même en quantité restreinte (et aux autres saloperies) ! (il faut savoir que même avec un brassage énorme pendant 48H, il restera toujours du chlore, tout dépend de plus du dérivé utilisé !)
Pour ceux qui continuent avec l'eau de conduite, il est donc nécessaire de bien préparer son eau ! C'est à dire une filtration sur charbon actif et un brassage de l'eau pendant au 3-4 jours avant de la laisser reposer encore 3 jours ! J'ai personnellement utilisé cette méthode ces derniers temps sur 1 semaine et c'était pas extra extra mais, ça reste le must en préparation ! N'allez pas brancher directement le tuyau sur le robinet en réglant le chauffe-eau à 25°C ! Faut pas déconner non plus !
Pour les autres prudents et soucieux de leurs écailles, voici un peu ce qu'il faut faire :
L'investissement n'est pas si énorme que ça finalement puisque l'on peut trouver des osmoseur de moins en moins chers autour de 50 euros sur le net.
Bien entendu il vaut mieux acheter l'osmoseur plutôt que d'acheter son eau osmosée ! C'est nettement plus rentable sur le long terme :
un petit calcul simple chez moi ! Le mètre cube d'eau est à 2.50 Euros. Sachant que pour un osmoseur, il faut à peu près 4L d'eau de conduite pour 1 L d'eau osmosée et qu'il me faut environ 280L / mois (en comptant un changement d'eau par mois de 25% par exemple) cela me revient à 2.8 Euros / mois ! Or, si vous achetez votre eau chez votre marchand à 0.08 Euros le litre, vous en avez pour 22.4 Euros / mois, vous multipliez le tout par 12 et hop, le coup de l'osmoseur est largement amorti

Pour les sels, il existe différente recette plus ou moins élaborées ! il est très difficile de recréer les conditions exactes du milieu naturelle mais ces recettes permettent de s'y rapprocher !
quelques exemples de recettes pour les poissons du lac Tanganyika :
proportion de 0.3 G/ L (pour Tanganyika): recette utilisée au Muséum Aquarium de Nancy
-200 g de sulfate de magnésium
-250 g d'hydroxycarbonate de magnésium
-350 g de carbonate de sodium
-150 g de chlorure de potassium
- 20 g de carbonate de lithium
- 30 g de silicate de sodium
pour 100L, recette AFC (pour tanganyika) :
- 22.7 g d'hydrogenocarbonate de sodium
- 5 g de carbonate de potassium
- 6.3 g de chlorure de calcium
- 22.3 g d'hydroxycarbonate de magnésium
- 2.3g de silicate de sodium ou 9.50ml de solution à 1.33 de densité
A noter qu'il existe déjà des traces de silicate dans l'eau osmosée
Texte : Jonathan Bouquerel