Mâle Aulonocara baenschi Meyer et Riehl, 1985 - Photo de Gabriel Hernando.

Parmi les cichlidés des grands lacs les représentants du genre Aulonocara exercent une fascination particulière chez les aquariophiles.

Il est certain qu’ils disposent d’atouts non négligeables : ils possèdent un tempérament assez calme ,d’autre part les mâles sont magnifiques (surnom: cichlidés-paons) ,enfin leur taille ne nécessite pas l’utilisation de "piscines".

C’est le magnifique bleu électrique de l’Aulonocara « nyassae » ainsi que ses épaules rouges qui firent craquer les passionnés voila déjà longtemps.

Seulement pendant quelques années tous les Aulonocara étaient commercialisés sous ce nom. Ultérieurement d’autres espèces ont été décrites dont certaines à dominante jaune comme Aulonocara baenschi .

L’Aulonocara « nyassae »à la forme si élégante a ensuite été connu sous le nom de A .haensbaenschi ou sous le nom commercial de A. "red flush". Il est maintenant considéré comme une variété geographique de A. stuartgranti.

Le vrai A. nyassae serait en fait une autre espèce moins intensément colorée. Notre poisson mesure environ quinze centimètres à l’âge adulte pour le mâle, douze pour la femelle qui elle reste grise. Dans le lac les Aulonocara apprécient les nourritures qu’ils trouvent dans le sable, en particulier des invertébrés; en bac ils s’adaptent aux nourritures pour cichlidés mais comme Ad Konings, je pense que dans le bac il est important de ne pas les suralimenter.

IN situ ces espèces fréquentent l’habitat intermédiaire ou ils s’alimentent sur le sable entre les roches. Ils possèdent des pores sensoriels élargis très sensibles sur la partie basse de la tête qui leur permettent de détecter les mouvements des invertébrés dans le sable!

Aulonocara baenschi est originaire de Nkhomo Reef au large du village de Benga et possède une robe jaune magnifique contrastant bien avec le bleu de la tête(pour le détail les photos sont plus parlantes )dans la nature il mesure une douzaine de centimètres. Ils cohabitent sans problème avec d’autres espèces calmes (Lethrinops, Haplo, M’buna calmes). Ainsi je maintiens actuellement un groupe reproducteur d’A.baenschi Nkhomo (un mâle et un harem de ...six femelles) avec un groupe de L. sp. "Hongi" et les deux espèces se reproduisent sans problème. Par contre j’évite absolument de placer des espèces différentes du genre Aulonocara dans le même bac car dans les conditions d’un bac les mâles sont prêts à s’unir avec la première femelle du genre prête à pondre alors ne les tentons pas ! A ce sujet il faudrait éviter les espèces fabriquées pour l’aquariophilie comme les Aulonocaras "OB" par exemple proposées régulièrement à la vente! S’il faut éviter la cohabitation forcée avec des espèces plus remuantes c’est que nos deux espèces n’ont pas le répondant nécessaire pour faire face à des combats répétés : ainsi maintenus avec des Ps. zebra assez "speedés" mes premiers Aulonocara il y a une bonne douzaine d'années ternirent vite tellement ils étaient stressés.

Les Aulonocara n’appréciant pas plus les nitrates qu’un écologiste breton vivant à proximité d’un élevage porcin j’assure des changements d’eau régulièrement. La nourriture est variée pour éviter toute carence : mélange épinards/moules/crevettes, paillettes, granulés...sans oublier un jour de jeûne de temps en temps.


Mâle Aulonocara baenschi "Nkhomo reef" - Photo de Gabriel Hernando.

A partir d'une taille de 7 cm environ, les femelles acceptent les avances des jeunes mâles alors pas toujours entièrement colorés. Le processus est bien connu: après un changement d'eau, le mâle déploie toutes ses nageoires pour les séduire et parade fièrement pour attirer sa compagne vers le site de ponte qu’il a choisi pour sa discrétion. Comme pour les "Haplos", la ponte a lieu en T souvent à l’abri des regards Les œufs sont pris en bouche par la femelle. Une trentaine d`oeufs, parfois cinquante sont incubés de 18 à 21 jours. Des alevins qui ne seraient pas retirés au plus tard après le lâcher, dans le bac communautaire n’auraient que peu de chance de survivre ,à l’inverse des m’buna. Les alevins, d’une taille de quelques mm, sont élevés avec des nauplies d'artémia. Le bac des jeunes tout comme celui des adultes d’ailleurs doit être bien filtré et faire l’objet d’un renouvellement régulier d'eau (l’idéal le goutte à goutte).

La croissance n’est pas très rapide surtout si comme lors de mes premières repros on place les jeunes en compagnie d’espèces plus vives comme de jeunes m’bunas et il me tardait lors des premières pontes que les "petits gris" ,mignons certes, se métamorphosent. D’ailleurs en magasin les néophytes dédaignent les jeunes et s’extasient devant les mâles adultes... Toutefois avec des conditions optimales d’eau et de nourriture mais aussi d’espace, j’ai déjà observé dans mes bacs de croissance de jeunes mâles déjà colorés vers cinq à six centimètres alors que dans des bacs de vente du commerce des mâles d’environ huit centimètres étaient moins colorés !

Il faut faire attention au risque d'hybridation, car un mâle Aulonocara est prêt à accepter n'importe quelles femelles de son espèce ou pas ...
En conclusion une très belle espèce à adopter beaucoup plus belle que les "aulonocara" trafiqués dont les Aulonocara OB ou autre "Marmelad" qu'il faut boycotter.
En conclusion les Aulonocara baenschi sont pour des cichlidés tout à fait intéressants à maintenir en aquarium malawi pourvu qu’on leur prodigue l’attention qu’ils méritent.

Texte : Robert Marcel
Photos : Gabriel Hernando



Bibliographie :
Ad Konings - Les Cichlidés du Malawi dans leur milieu naturel - 3ème édition - Cichlid Press Ad Konings - Guide Back to Nature des Cichlidés du Malawi - 2ème édition - Cichlid Press Patrick Tawil - Les Aulonocara et espèces apparentées - RFC n° 93, novembre 1989 Le guide des Cichlidés:Editeur : Association France Cichlid