Aulonocara stuartgranti Maulana


Parmi les Aulonocara, l'espèce A. stuartgranti compte de nombreuses variétés géographiques réparties en différents points du lac Malawi. Les mâles de chacune de ces populations présentent tous des colorations qui leur sont propres et qui les distinguent des autres variétés du groupe.

Ainsi nous pouvons trouver des poissons entièrement bleus autour de Chilumba sur la côte nord ouest du lac, mais aussi des individus quasiment tout jaune en descendant plus au sud à Usisya.

Entre ces deux extrêmes, il existe de nombreuses formes intermédiaires, plus ou moins bleues ou plus ou moins jaunes selon les localités situées tout autour du lac. Une nouvelle variété a été récemment découverte dans la baie de Chitimba, à une vingtaine de kilomètres au sud de Chilumba, par Alfred Maulana, chef plongeur de l'équipe de Stuart Grant C'est donc ainsi que ce poisson a été baptisé "Aulonocara Maulana", et il ést exporté sous ce nom depuis environ 3 ans.

La baie de Chitimba se compose de rochers près du rivage, et principalement de sable plus au large. La zone intermédiaire où l'on rencontre cet Aulonocara se trouve donc assez proche du bord à une profondeur autour de 3 à 5 mètres. Selon Ad Konings, cette population n'est pas très importante et s'avère impossible à pêcher lorsque l'eau est agitée par le vent. Ces facteurs, auxquels venaient s'ajouter la beauté et la nouveauté de ce poisson, expliquent certainement le prix élevé des premiers spécimens sauvages apparus sur le marché. Très chers certes, quelle beauté!

Le mâle est bleu nuit avec une large bande verticale jaune derrière la tête. Les pelviennes sont égale ment jaunes. Ce jaune semble encore plus éclatant sur les sujets sauvages. Pour ce qui est des femelles, elles sont marron grisâtre et ressemblent à bon nombre d'autres femelles Aulonocara. Il est toutefois intéressant de noter que les barres verticales plus sombres ne sont pas très apparentes chez les femelles de cette espèce alors qu'elles sont bien marquées chez les mâles en parure de frai.

Donné pour 9 à 10 centimètres dans la nature, il semble se situer autour d'une douzaine de centimètres en aquarium. Il convient toutefois de porter une attention particulière quant au choix de ses compagnons d'aquarium, car il se laisse facilement dominer et perd alors toutes ses couleurs (ce qui est dommage). Il est donc préférable d'éviter de le placer avec des poissons trop gros ou trop agressifs.

Il existe différentes espèces d'Aulonocara qui ne se ressemblent pas et que l'on peut tenir sans problème dans le même bac, ce n'est pas le cas du "Maulana". Plusieurs tentatives, même avec des poissons timides comme Aulonocara kandeensis, se sont soldées par une décoloration totale du "Maulana"

Comme la plupart des Aulonocara, il ne se montre pas particulièrement fragile en captivité, mais pour peu qu'il soit maintenu dans de bonnes conditions (changements d'eau réguliers, nourriture équilibrée...). .

Une fois bien installé dans un aquarium où il se sent à l'aise, l'occupation première de notre Maulana sera de chercher à se reproduire. II est infatigable. S'il est tenu en couple, il faudra aménager plusieurs abris en différents points du bac, pour que la femelle puisse se soustraire aux ardeurs du mâle. Lorsque que cela est possible, il sera plus intéressant d'associer 2 ou 3 femelles à un mâle, qui pourra ainsi afficher en permanence ses plus belles couleurs en parcourant l'aquarium de long en large. La femelle ne tarde généralement pas à répondre aux avances du mâle. La ponte se déroule de préférence dans un coin abrité de l'aquarium. Ce sera souvent sous une voûte ou bien derrière une pierre plate dressée contre une vitre du bac.

La position en T, classique aux incubateurs buccaux du Malawi, est adoptée par les 2 partenaires. Une fois la ponte terminée, la femelle se retire dans un coin discret de l'aquarium la gorge gonflée par la trentaine d'oeufs récupérés.

C'est le début de l'incubation qui va durer environ 3 semaines. Au cours de cette période, les oeufs vont gravir différents stades embryonnaires pour se transformer en alevins complètement formés au bout de 17 à 18 jours. Passé le 17ème jour on peut, sans problème, faire cracher la femelle. Cette opération pourra s'avérer délicate, surtout au début. Il faut quelquefois démonter une partie du décor; certains préfèrent opérer de nuit avec un éclairage faible, de manière à surprendre le poisson dans un demi-sommeil. Dans tous les cas il faut éviter tout geste brusque et précipitation. On pourra utiliser un récipient plongé dans l'aquarium et y faire entrer la femelle une fois qu'elle se trouve dans l'épuisette, ce qui évite de la sortir de l'eau. On peut également utiliser une grande épuisette à mailles fines et transférer le poisson dans un récipient rempli d'eau et placé à proximité de l'aquarium. Cette solution évite de perdre des alevins lorsque la femelle crache sa ponte dans l'épuisette, chose qui peut quelquefois se produire. Une fois relâchée dans le récipient, il est aisé d'attraper notre femelle à la main; on tire alors délicatement sur la mâchoire inférieure pour lui faire ouvrir la bouche tout en la maintenant dans l'eau, la tête légèrement inclinée vers le bas et, petit à petit, on voit sortir les alevins qui cherchent parfois à retourner dans la bouche maternelle. Lorsque tout le frai se trouve libéré, la femelle regagne l'aquarium, où une fois remise de ses émotions elle va pouvoir retrouver sa place. Il ne reste plus qu'à transférer les alevins dans leur premier bac d'élevage. Ils mesurent 9 à 10 millimètres et se nourrissent timidement les premiers jours. La croissance est assez rapide et les premiers mâles commencent à se colorer au bout de 5 à 6 mois autour de 6 centimètres.



Texte et photos : Vincent Soliveres (AFC 2013.33)
Paru dans la R.F.C. n°168.