Catégories : Eau douce, Afrique lac Tanganyika.
Par Raphaël Lang, juillet 2006.
Neolamprologus brevis
(lu 17220 fois)Par Raphaël Lang, juillet 2006.
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Femelle Neolamprologus brevis "Congo" sauvage chez Eric Genevelle.
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Jeunes Neolamprologus brevis chez Michel Guillot.

Ce cichlidé est endémique et répandu sur tout le lac Tanganyika. Il vit entre 10 et 30 mètres, en se nourrissant de zooplanctons.
A la moindre alerte, il se cache dans des coquilles vides éparses et très courantes sur les plages de sable. Le plus souvent, il s’agit de coquille de Neothauma tanganicense, bien utile à notre brevis pour échapper aux prédateurs.
La particularité de ce sympathique conchylicole est que mâle et femelle partagent tout deux la même coquille !
La femelle, sensiblement plus petite que le mâle, entre la première. Le mâle plus grand mais aussi bien plus trapu entre donc le second.
Cette originale cachette leur sert aussi de site de ponte, car le brevis, comme de nombreux lamprologues, est un pondeur sur substrat caché.
Subadulte Neolamprologus brevis "Congo" F1.
Jeunes Neolamprologus brevis chez Michel Guillot.

Parlons à présent de sa maintenance dans nos aquariums. Il est assez fréquent sur les sites des aquariophiles outre atlantique, de les voir maintenir au bureau un couple de brevis dans des aquariums de 30, parfois 20 litres…
Il est juste que ce pacifique petit cichlidé peut être maintenu dans des volumes modestes, mais si vous aimez vos poissons, offrez leur au moins 80 litres ! Ils seront bien plus à l’aise et vous pourrez alors observer des comportements plus variés et intéressants.
Le décor à mettre en place est fort simple ! Une épaisse couche de sable très fin. Des coquilles de « bourgogne » ici ou là . Ensuite c’est pour le plaisir de vos yeux. Mettons quelques roches ici ou la, et pour un rendu « naturel » évitez au maximum : la symétrie, les chiffres paires et les tailles identiques… Privilégiez aussi un seul type de pierre, plutôt que trop de couleurs différentes.
Disposez donc par exemple une grosse pierre au tiers avec une petite à ses cotés, et une autre, de taille moyenne, à l’opposé du bac. Un gros pied d’Anubias pour la touche végétale sera du plus bel effet en la fixant, à l’aide de fil de nylon, à la plus grosse pierre.
C’est à peu près ce que j’avais réalisé, un décor minimaliste pour mettre en valeur les poissons. J’ai introduit 5 jeunes individus subadultes dans ce bac. Arrivés à l’âge adulte, j’avais 2 beaux mâles, et 3 femelles presque deux fois moins grosses.
C’était un spectacle bien sympathique à observer, et je notais souvent des parades d’intimidation sans suite, principalement entre les femelles. Peut-être était-ce du au chiffre impaire, laissant une femelle célibataire.
Sans pouvoir affirmer des échanges de partenaire entre les 2 couples, je remarquais souvent une femelle venue « squatter » la coquille d’une autre, profitant d’une promenade naïve de la propriétaire.
Petit vol, qui au retour de la proprio, donnait lieu à de nouvelle parades d’intimidation toutes nageoires déployées.
Pourtant il y avait plus de coquilles que de poissons, mais ils avaient leurs préférences et aimaient toujours vivre dans les 3 mêmes.
Pourquoi ce vol de logement ? Peut être pour essayer de récupérer le mâle allant avec ! Mais les 3 femelles étant tellement semblables, impossible de vérifier si les couples étaient fidèles ou « échangistes ».
Notons donc que les rapports intraspécifiques sont très intéressants, et jamais vraiment violents. En tout cas, je n’ai jamais eu de soucis avec eux.
Les relations interspécifiques sont toutes aussi simples. Malgré sa petite taille, c’est un cichlidé, et il sait se faire respecter. J’ai vu un mâle repousser un calvus adulte venu voir si un alevin brevis était bien à son goût ! Le mâle montre son flanc, développe ses nageoires et son obstination dégoutte vite les curieux.
De même on entend souvent dire que certains n’hésitent pas à vous attaquer la main lors d’interventions dans le bac ! Petit par la taille, grand par le tempérament ! Mais je ne l’ai malheureusement jamais observé, les miens fonçaient bien vite dans les spirales de leurs coquilles.
La reproduction est très discrète. On la devine par la disparition d’une des femelles. La femelle pond au fond des spirales de la coquille et le mâle y féconde les oeufs. Ensuite la femelle barre de son corps l'accès à la coquille pour les 2 ou 3 semaines à venir. Le mâle reste à proximité, à seulement quelques centimètres à la verticale de la coquille, repoussant les éventuels gourmands.
Les alevins atteignant la nage libre sont petits et peu nombreux, mais les pontes sont régulières.
Cette espèce est donc à conseiller à un débutant comme première expérience avec les cichlidés du Tanganyika. Découvrir les comportements d’un poisson conchylicole, peu agressif, dans un aquarium modeste, devrait le convertir définitivement, aux "gris Tanga".
Texte et photos : Raphaël Lang (AFC 0422.94)