Les mbunas :

En Afrique, le mot "mbuna" signifie "cogneur de pierre"; cela est dû au fait que ces poissons sont, dans l’ensemble, inféodés au milieu rocheux. Pour la plupart, ce sont des végétariens qui se nourrissent de la couverture d’algues poussant sur les rochers. Cette couche d’algues, appelée biocouverture, recèle aussi des micro-organismes dont le poisson se nourrit.
Dans le milieu naturel, la concurrence est très rude pour se nourrir : ceci explique le fort caractère territorial de nos mbunas. Pour se nourrir convenablement, ces poissons établissent un territoire (ou jardin) qu’ils vont protéger et sur lequel ils vont « cultiver » leurs algues. Aux yeux des femelles, les meilleurs mâles sont ceux qui ont le plus beau jardin, et qui ont donc aussi la robe la plus éclatante.

L’agencement de l’aquarium :

L’eau :

L’eau de l'aquarium doit être dure, avec un dGH tournant autour de 12°. Si l'eau n’est pas suffisamment dure, il est toujours possible de placer du sable de corail dans la filtration ; l’utilisation de pierre calcaire pour le décor peut également être envisagée.
Le pH doit avoir une valeur tournant autour de 7.5-8. Pour atteindre cette valeur, l’adjonction d’un venturi à la sortie de la filtration ou sur une pompe de brassage permettra d’oxygéner le milieu, faisant ainsi remonter le pH.

La filtration :

La plupart du temps, les mbunas vivent près des côtes, dans des zones où les vagues provoquent un courant plus ou moins important. Ils sont donc de bons nageurs, et un peu d’agitation dans l’eau n’est pas pour leur déplaire. L’eau y est de bonne qualité et, par conséquent, les changements d’eau doivent être fréquents et importants, nos poissons n’aimant pas l’eau vieillie et chargée en nitrates. Il faut donc penser à faire des changements d’eau allant de ¼ par semaine à 1/3 tous les quinze jours. Normalement, ces gros changements d’eau vous dispensent d’une filtration biologique, et une bonne filtration mécanique d’un débit d’environs 4 fois le volume du bac par heure est suffisante.
Les masses filtrantes devront cependant être nettoyées régulièrement.

La température :

Le lac Malawi étant une immense étendue d’eau (600 km de long sur 80 de large, avec une profondeur pouvant atteindre 700 m), sa température, de l’ordre de 24-26°Celsius, varie très peu, ce qui explique que nos pensionnaires n’aiment pas les coups de chaud de l’été. Donc, durant les périodes caniculaires où la température du bac peut monter à 30°, il ne faut pas hésiter pas à éteindre chauffage et éclairage, et à laisser l’aquarium ouvert ; une aération efficace du bac est aussi fortement conseillée, ainsi que la réduction de l’alimentation des poissons.

L’éclairage :

L’éclairage n’est pas d’une grande importance dans un bac Malawi, généralement dépourvu de plantes. Cependant, pour des raisons esthétiques, un éclairage est toujours souhaitable. Il est bon d'éclairer pendant une durée d’environ 12 heures par jour, comme sous les tropiques.



Le décor :

Certainement l’un des éléments les plus importants de l'aquarium, car les poissons dominants doivent pouvoir y établir leurs territoires, tout en offrant aux dominés la possibilité de s’y cacher en cas de problème (incubation d’œufs, poursuite…).
La nature des pierres importe peu ; il ne faut cependant pas qu’elles soient coupantes ou qu’elles contiennent des matériaux ferreux. Le décor rocheux doit être installé avant le sable, car les mbunas creusent et risquent de déstabiliser des pierres posées directement sur du sable. Les pierres les plus grosses sont posées en premier. Il faut veiller à constituer des territoires pour les futurs mâles (grottes, écrans visuels…). Le décor doit recouvrir la quasi totalité de la face arrière de l'aquarium, et monter en partie jusqu’à la surface de l’eau.
Placer ensuite les pierres les plus petites pour former de petits amas épars, afin que les futurs alevins puissent s’y mettre à l’abri de la voracité des occupants du bac.

Une fois les pierres en place, le sable peut être ajouté. Comme l’aquarium ne comporte pas de végétation à planter, il est inutile que le sol soit épais, et une couche de 2 à 3 cm suffit amplement. Pour le plaisir des poissons, il vaut mieux utiliser plutôt un sable fin, type sable de loire. Si, malgré tout, vous voulez des plantes, quelques anubias et/ou microsoriums seront placées entre les pierres du décor.

L’alimentation :

Les mbunas sont avant tout végétariens et, par conséquent, l’alimentation de base se composera de paillettes végétales, d’épinards… Cependant, il est bénéfique de leurs distribuer un complément plus carné une à deux fois par semaine.
Par contre, il ne faut rien leur donner qui soit "rouge" (vers de vase, larves de moustique rouges, cœur de bœuf…), car ce type de nourriture est trop riche et peut contenir des germes auxquels les mbunas sont très sensibles, et qui peuvent conduire à une mort prématurée. Pour savoir si vous donnez la bonne quantité de nourriture, observez l’abdomen des poissons :
- si celui-ci est creusé, il faut augmenter les rations en quantité ou en fréquence ;
- S’il est plat, ne changez rien;
- S’il est rebondi, diminuez la quantité ou la fréquence.
Un poisson obèse est un poisson en mauvaise santé et qui vivra moins longtemps.

La population :

Les règles de population :

Les poissons du Malawi devraient être introduits en même temps dans l’aquarium, si possible juvéniles. Ces beaux nageurs marquent rapidement leurs territoires, règlent la hiérarchie sans grandes disputes et incubent leurs œufs consciencieusement. D’une façon générale, si les femelles se tolèrent entre elles (mais il y a quand même une hiérarchie), il n’en est pas de même pour les mâles qui ne se supportent pas.

Cette animosité est provoquée par la robe du poisson : un male bleu rayé verticalement de blanc entrera en concurrence avec un mâle de son espèce, ou un autre poisson présentant la même robe, quelle que soit son espèce.

De ce fait, l’une des règles à respecter est de veiller à mélanger des poissons de robes différentes lors du choix de la population (rayés blanc et bleu, rayés blanc et jaune, rayés verticalement, rayés horizontalement, unis…). Les mâles poursuivant avec entêtement les femelles pour se reproduire, celle-ci finissent par s’épuiser. Par conséquent, il est préférable d’offrir à nos pensionnaires au moins deux femelles pour un mâle.





Deux options sont possibles pour composer la population de l'aquarium : la maintenance en groupe, ou en trios. La population en trios (un mâle et deux femelles par espèce) permet de maintenir plus d’espèces différentes et d’avoir un éventail de couleurs plus large. Pour des bacs de 200 à 300 litres, trois trios est un maximum à ne pas dépasser. Les risques de voir un poisson se faire harceler ou tuer par les autres est bien moins important que pour une maintenance en groupe.

La population en groupe est plus intéressante du fait des nombreuses interactions entre chaque membre. Dans ces petits volumes, le maximum est de 2 groupes composés de 2 mâles et de 3 femelles, ou un groupe composé de 3 mâles et de 3 ou 4 femelles. Cependant, la maintenance en groupe est plus risquée pour le néophyte, car le décor doit être bien pensé afin d’éviter que l’un des mâles ne soit trop harcelé (voire tué) par le plus fort.

Si vous souhaitez ajouter de nouveau poissons dans un bac où chaque individu a déjà son territoire, la technique consiste à démonter le décor et à le refaire, une fois le nouveau poisson introduit. Ainsi, chaque poisson devra se refaire une nouvelle place, et le nouveau ne sera pas harcelé.

Les espèces :

Toutes les espèces du genre Cynotilapia, qui sont plutôt des planctophages, comme le démontrent leurs petites dents coniques bien visibles. Les Gephyrochromis lawsi et moori. Le Iodotropheus sprengerae. Tous les membres du genre Labidochromis (caeruleus, chisumulae, flavigulis, gigas…) Parmi les Melanochromis, le plus populaire est le Melanochromis cyaneorhabdos, mais l’interruptus, le joanjohnsonae, le johannii, le simulans et le vermivorus peuvent aussi convenir.



Parmi les membres du genre Pseudotropheus, le saulosi est souvent présent dans nos aquariums du fait de ses couleurs, et de sa très faible territorialité qui permet même de le faire cohabiter avec un Cynotilapia (ayant pourtant la même coloration) dans un bac de 200L. Mais parmi le genre Pseudotropheus, on peut aussi citer : les elongatus, l’heteropictus, le membe deep, le minutus et le modestus. A signaler aussi la présence d’un mbuna parfois conchylicole en fonction de sa provenance : le Pseudotropheus livingstonii, qui vit dans les coquilles d’escargot vides du Malawi, la colonie se composant généralement de 1 ou 2 mâles dominants pour plusieurs dizaines de femelles.


Texte et photos : Lionel Adam