Neolamprologus leleupi - Photo de Jeff Dubosc


Synonymes et appellations commerciales :
Lamprologus leleupi ; ou plus simplement "leleupi". Parfois vendu sous N. longior, mais selon les auteurs, ce dernier constituerai soit une espèce à part entière (et donc différenciée et impossible à considérer comme synonyme, Poll, 1986), soit une simple population de l'espèce N. leleupi (Konings, 1998).


Origine :
Lac Tanganyika où la répartition est discontinue : population isolée au Nord-Ouest dans la région d'Uvira, et différentes populations réparties sur la côte Ouest de Milima à M'toto et sur la côte Est de Maswa à Kekese.


Habitat :
habitat intermédiaire et biotope rocheux à une profondeur de 15 à 25 mètres. Les lieux de nidification et d'alimentation favoris sont constitués par les renfoncements et les anfractuosités des rochers. Ces poissons ont des territoires relativement vastes où ils errent à la recherche de particules alimentaires, les animaux rencontrés sont donc souvent des solitaires endurcis.


Description :
Ce qui en fait une des stars incontestables du Tanganyika, c'est sans conteste sa coloration jaune uniforme et soutenue. Même les nageoires présentent cette magnifique couleur… Une vermiculure bleu-métallique à or (suivant l'orientation) orne le dessous de l'œil. Certaines autres populations présentent un polychromatisme qui s'exprime par l'existence d'animaux soit de couleur jaune, soit chocolat (voire même franchement foncée…). Par endroit, ces différentes souches vivent même en sympatrie. Les souches classiquement maintenues en France sont vraissemblablement originaires de Karilani : corps très fusiforme, tête relativement pointue, coloration jaune vif. D'un point de vue dimorphisme sexuel, la taille adulte est un bon indicateur ; plus jeune, il faudra se risquer à une identification en fonction de la forme de la papille génitale.


Taille :
11-12 cm pour les males adultes, généralement un petit peu moins pour les femelles (7-8 cm).


Alimentation :
dans la nature, constituée par des invertébrés (généralement des crustacés) trouvés dans les anfractuosités et la couverture biologique des rochers. En aquarium, une mixture classique riche en carotène (mais pas trop pour ne pas avoir de leleupi rouges !) peut constituer une bonne base. Divers crustacés comme les artémias, le krill, les mysis seront distribués en complément.


Maintenance :
comme pour toutes les espèces du Tanganyika, l'eau se doit d'être dure et alcaline : pH ~ 8 - 9, conductivité ~ 600 µS. Les sels Tanganyika apportent un plus indéniable.
Eu égard à l'agressivité intra-spécifique de l'espèce, 120 litres constituent le minimum pour un couple. Quelques succès sont notés dans des bacs plus petits, mais dans ce cas, il s'agit toujours de bacs spécifiques avec un couple harmonieux qui s'est choisi lui-même. Le décor sera évidemment rocheux, offrant des caches aux deux partenaires qui y constitueront leurs territoires et y trouveront de quoi déposer leurs futures pontes… Ces poissons ne sont pas des terrassiers et respectent le décor, hormis lors de la ponte où ils creusent une petite excavation. Chez moi, ils n'ont jamais touché aux plantes. Maintenir des leleupi avec d'autres cichlidés du Tanganyika est bien sûr possible et même particulièrement esthétique, sa robe contrastant avec les autres espèces… Plus le bac sera grand, plus les associations pourront être tentées. Les compagnons favoris seront à choisir dans les innombrables lamprologues, Julidochromis, Cyprichromis… Toutefois, pour éviter combats et risques d'hybridation, la maintenance avec des espèces à morphologie proche est à proscrire (N. cylindricus, N. mustax, N. nigriventris, N. pectoralis et N. schreyeni).


Neolamprologus leleupi - Photo de Jeff Dubosc


Reproduction :
facile… à condition d'avoir un couple qui s'entend, ce qui semble être en fait la principale difficulté avec cette espèce. Généralement querelleur (d'où l'obligation d'un décor bien agencé), le couple est soudé pendant la ponte. Celle ci se déroule sur substrat caché. Elle est repérée par l'entente inhabituelle du couple, par des spasmes secouant tout le corps du poisson, et par le fait que les lèvres des poissons noircissent à ce moment. Les soins parentaux sont assurés par le couple, la femelle s'occupant principalement de la garde rapprochée et le male de la défense du territoire. Dans le cas de couples où l'équilibre est instable, on conseille parfois de retirer le male après la ponte. En bac d'ensemble, il est rare de voir des alevins grandir. On peut alors siphonner une partie de la ponte pour l'élever à part, mais avec le risque de casser l'harmonie du couple… Les alevins sont très petits mais acceptent rapidement une nourriture vivante adaptée à leur taille (anguillules, microvers, nauplies d'artémia). Ils se colorent très vite d'un beau jaune, et sont aptes à se reproduire vers 5-6 cm. Pour être complet, il faut encore noter qu'en aquarium quelques constats de polygamie ont été signalés…


Particularités :
la répartition de ce poisson étant assez discontinue, il faut constater qu'à la plupart des lieux de pêche correspond une population bien définie. A titre d'exemple, d'un point de vue phénotypique, la population de M'toto est très proche de N. mustax : corps élevé, 'menton' blanc… A l'instar des Cyprichromis, il serait donc judicieux d'identifier les souches que nous maintenons pour arrêter de les croiser entre elles en achetant du "leleupi" sans plus de précisions…


Bibliographie :
Aqualex catalog : cichlidés du lac Tanganyika, H-J Herrmann, Dähne Verlag
Atlas du Tanganyika, Pierre Brichard
Cichlids du Lac Tanganyika, le guide Back to Nature, Ad Konings, Cichlid press
Classification des Cichlidae du lac Tanganika, Tribus genres et espèces, Max Poll, Classe des Sciences, Académie Royale de Belgique
Le grand livre des cichlidés, Ad Konings, Cichlid press
Les cichlidés du Tanganyika dans leur milieu naturel, Ad Konings, Cichlid press
Les secrets du Tanganyika, Ad Konings, Cichlid press

Revue Française des Cichlidophiles, numéros 76, 80, 128
Aquarium magazine, numéros 33 et 162
Aquarama, numéro 56


Remerciements :
à Philippe pour ses remarques avisées, notamment concernant l'identification et les précisions sur les différentes souches maintenues et importées... Merci (donc !)




Texte et photos : Jeff Dubosc (AFC 1407.75)


NDLR 1 : cet article a été publié sous forme de fiche technique dans la R.F.C. n°211 de septembre 2001

NDLR 2 : Retrouvez Jeff sur son site : eau.douce.free.fr :)