Portrait d'un mâle Orthochromis stormsi sauvage.


Description :


Orthochromis stormsi est un poisson de taille modeste, les mâles font 12 centimètres environ, mais peuvent atteindre les 15 cm en captivité. Les femelles sont plus petites et mesurent environ 7 à 8 centimètres. Ils ont une pente crânienne légèrement concave, plus prononcée chez le mâle.

En temps normal, le corps est gris brun, marqué d'environ 5 barres verticales et 2 horizontales. L'oeil est souligné d'une larme rouge. Les nageoires sont transparentes avec une teinte orangée plus ou moins prononcée selon le type de lumière. Un liseré noir est présent sur l'extrémité de la nageoire dorsale et la partie supérieure de la caudale. Le mâle n'a pas d'ocelle sur la nageoire anale.

Cette espèce change rapidement de couleur en fonction de son humeur : tantôt très claire et sans barre en période de stress, elle se noircira complètement en période d'excitation et sa robe sera particulièrement sombre et grise, sans barre.

Quand j'arrive dans la pièce des aquariums, je surprend souvent les O. stormsi en train de se reposer sur des grandes feuilles d'anubias ou des racines, ils sont alors d'un gris très foncé. Lorsque je m'approche pour donner de la nourriture, ils viennent à la surface et sont déjà bruns clairs.


Mâle sauvage Orthochromis stormsi (robe de stress)


Papilles du mâle Orthochromis stormsi


Femelle Orthochromis stormsi


Papilles de la femelle Orthochromis stormsi





Ecologie :


Orthochromis stormsi est trouvé dans le fleuve Congo. Anton Lamboj l'a observé dans les rapides du fleuve au sud de Brazzaville. Selon ses observations, et même si Orthochromis stormsi est clairement une espèce rhéophile, les specimens rencontrés cherchaient à fuir les zones trop turbulentes, et préfèraient les zones plus lentes du fleuve.

Son alimentation, essentiellement végétale, est constituée principalement d'algues et d'aufwuchs (Lamboj, 2004).



Aquariologie :


En aquarium Orthochromis stormsi ne pose vraiment aucun souci. C'est une espèce facile de maintenance et de reproduction. Mes specimens sauvages sont calmes, acceptent tout type de nourriture, ils sont mêmes plutôt gourmands : algues, planorbes, alevins, rien ne résiste à leur appetit. La reproduction est relativement aisée, comme avec la majorité des espèces haplochromines. Les relations intraspécifiques sont excellentes, le mâle n'attaque pas et ne poursuit pas sa femelle. Pourtant, je les maintiens dans seulement 120 litres, avec des Pseudocrenilabrus nicholsi. L'aquarium est décoré de quelques racines, de plantes et d'une bonne couche de sable. ils n'apprécient pas les températures trop élevées et demandent une bonne oxygénation du bac.


Mes specimens ne creusent pas beaucoup, même s'ils passent beaucoup de temps sur le sol pour se reposer. Ils ne s'aménagent pas de grottes à la manière d'un Steatocranus casuarius, qui n'hésite pas à déménager des colines de sable.

Vos plantes peuvent donc s'enraciner tranquillement. En revanche, il ne faut que des plantes résistantes, sinon O. stormsi les grignottent. Les jeunes pousses de vallisneries n'ont pas le temps de voir le jour.

Contrairement à ce que m'avait laissé imaginer sa morphologie, adaptée au contact avec le sol, il n'y évolue que moyennement. En effet, il passe une bonne partie du temps à nager en pleine eau en quête de nourriture dans le bac, à arracher des algues sur les anubias, etc... Et quand il se repose, c'est aussi sur ces mêmes plantes, en se calant entre 2 feuilles, ou sur une racine. Sa nage en pleine eau n'est pas chose aisée, mais ils ne sont pas aussi maladroits que des S. casuarius. A partir de ces observations, je pense qu'ils ont une vessie natatoire bien moins atrophiée que les espèces du genre Steatocranus.




Femelle sur son site de repos favori, le sommet d'un élément du décor, que ce soit racine, pierre ou anubias.




Alimentation :


Ils adorent les planorbes ! Le mâle, plus grand, les avale tout rond, aspire le contenu par de grands mouvements de mâchoire, et recrache une coquille vide impeccable. 8-O Le couple n'était là que depuis une semaine et il n'y avait plus un escargot de vivant. j'en mets un peu régulierement d'un autre bac, ils sont à peine tombés au sol que le mâle se jette dessus et me les vide !

Menus spéciaux à part, je leur distribue quotidiennement soit des artémias congelés, soit des paillettes vertes, soit des haricots verts cuits, que j'émiette à la distribution. Mais ils ne se jettent pas sur ces derniers, espèrent encore que ce soit le jour bien aimé des artémias, mais non. :-| Alors ils retournent tranquillement au sol avaler ces morceaux de haricots. D'après Anton Lamboj (2004) il faut veiller à ne pas leur donner une nourriture trop riche, sinon on risque la mort par indigestion. Je pense que mon alternance paillettes / haricots / artémias leur convient très bien. Il faut compter aussi sur les algues qu'ils arrachent tout au long de la journée.

la femelle est particulièrement très gourmande, et même en incubation d'environ 30 alevins, elle avalait de temps en temps des artemias ! Pour chaque artémias c'etait un long travail de mouvement de mâchoires, pour faire le tri !

Son appetit ne s'arrête pas là malheureusement. Les planorbes, ce n'est pas bien grave, mais manger les nageoires des autres poissons, ou encore les autres poissons tout simplement, ca devient gênant.

Au cours de cette maintenance, j'ai associé diverses espèces à ce couple de O. stormsi. Avec des Steatocranus casuarius sauvages, pas de souci, ignorance totale. En revanche, avec les Pseudocrenilabrus nicholsi, quand ils étaient encore jeunes, ils fournissaient une réserve de nageoires à croquer pour les O. stormsi. Dès qu'ils ont dépassés le stade subadulte, avec les premières incubations, les O. stormsi ont laissés tranquille les P. nicholsi. Dernière association en date, plus malheureuse, un banc de 12 jeunes Phenacogrammus interruptus de 4cm. Arghh... :-C ... La femelle après avoir arraché les nageoires anales et caudales d'un individu, continua à lui agresser le ventre, le tua, et le devora. Assistant à la scène j'ai pu rapidement séparer ces espèces. Résultat, j'ai pris note : Ne plus associer de poissons de moins de 5 cm avec des O. stormsi adultes, qui n'ont qu'une philosophie, tout qui peut être bouffé, doit l'être.



Reproduction :


Mode de reproduction classique pour un Haplochrominien. Ponte en T, la femelle est incubatrice buccale. Pendant la reproduction, ils arborent leur robe la plus sombre. Entre 20 et 30 oeufs sont incubés 3 semaines environ à 24/25°C.


Femelle en incubation

Après un mois de maintenance, j'ai découvert pour la première fois la femelle en incubation. Le mâle reste indifférent à la femelle qui incube sans se cacher, sans trop de stress. je ne sais pas si il s'agit d'une exception, si mes individus sont particulierement gentils (entre eux), mais je n'ai jamais observé d'agressions, avant, pendant ou après cette incubation.

La reproduction peut avoir lieu toutes les 6 à 8 semaines environ. (3 semaines d'incubation / 3 à 5 semaines de repos). Note : 5 jours après la mort du mâle stormsi, j'ai retrouvé la femelle en incubation ! Elle a tenu quelques jours mais les oeufs evidemment non fécondés, ont été avalés. Réaction étonnante de la femelle tout de même, de pondre seule suite à la disparition de son mâle.


Femelle


Mâle


Mâle





Hydropisie :


Récemment, mon mâle a fait de l'Hydropisie*. Il est mort 7 jours plus tard. Un traitement avec un antibiotique à large spectre n'ayant eu aucun effet apparent.
Voici quelques photos de ce symptôme impressionnant.




Mâle sauvage souffrant d'hydropisie :-C on distingue bien sur cette seconde photo le hérissement des écailles.

Note : * l'hydropisie est un symptôme lié à différentes maladies. Il commence discrètement par un abdomen gonflé ou des selles blanchâtres. Ensuite l'abdomen gonfle de jour en jour par une accumulation de liquide et les écailles s'hérissent.




Conclusion :


Un poisson que je prends beaucoup de plaisir à maintenir. Drôle par sa nage, visible car constamment en quête de nourriture, S'il est maintenu avec des poissons de sa taille, il fera un hôte parfait pour un aquarium géographique ayant pour thème le fleuve Congo.

Dans un volume correct, on peut imaginer l'associer avec des cichlidés du genre Steatocranus et avec un banc d'alestidés adultes (Phenacogrammus, Micralestes...) pour animer la partie supérieure du bac de leurs couleurs et comportements grégaire.

Et pour finir sur une note plus sympa que l'hydropisie du mâle, une photo de la nouvelle génération stormsi en grossissement, et un portrait de la belle ;-)


Alevin Orthochromis stormsi F1 de 1cm.


Alevin Orthochromis stormsi F1 de 2cm.






Texte et photos : Raphaël Lang (AFC 0422.94)