Mâle Neolamprologus signatus - Photo de Raphaël Lang.



Femelle Neolamprologus signatus - Photo de Raphaël Lang.

Petit mais costaud à la manière des p'tits pimousses, ce "conchylicole" vous émerveillera par ses reflets métalliques et son comportement intéressant à étudier en aquarium. Malheureusement il n'est pas facile à trouver, donc ouvrez l'œil et n'hésitez pas, après lecture de cet article, à acquérir quelques spécimens sous peine de le regretter ! Et surtout retenez cette charmante dénomination qui sonne merveilleusement bien au creux de l'oreille: "Neolamprologus signatus !!"

Description :

Ce petit lamprologus, habitant des fonds vaseux (sol composé en fait de sable et de boues) en milieu naturel, vit dans la partie centrale du lac Tanganyika. Sa taille relativement petite (5.5cm pour les mâles / 3.5cm pour les femelles) explique son statut de "conchylicole" en aquarium ! Je précise "en aquarium" puisqu'en milieu naturel, ce n'est pas réellement le cas ! En effet, on a une grande concurrence entre véritables conchylicoles dans ce type de biotope et les signatus n'ont donc plus eu de coquilles à leur disposition ! De ce fait, ils se sont aménagés leur propre site de ponte en creusant dans la vase un nid (sorte de petites dépressions successives) dont le diamètre de l'ouverture est à peine plus gros que l'entrée d'une coquille de neothaumas ! Le dimorphisme est très apparent, en effet, les mâles présentent un corps brun à 13 stries verticales noires, alors que la femelle, entièrement grise, a une tâche irisée sur ses flancs, les spécimens possèdent un cercle oculaire et un "museau" à reflet bleu métallique. Ce dimorphisme, tellement visible, a par ailleurs semé le trouble chez les scientifiques qui croyaient que les mâles étaient des Lamprologus signatus et les femelles des Lamprologus Kungweensis (une autre espèce vivant dans un biotope similaire et au comportement identique). Par ailleurs, cette espèce est souvent confondu avec le Neolamprologus laparogramma qui présente un patron de coloration similaire mais le nombre de stries verticales est différent.

Opération acquisition et mode opératoire

J'ai acquis 4 spécimens subadultes à ABZ mais malheureusement le gars m'avait refilé 3 mâles et 1 femelle !!! Arf, je n'avais pas fait attention au magasin. Le bac destiné à les accueillir faisait une soixantaine de litres (dimensions standards). Je ne dirais pas que c'est un bac approprié pour de telles écailles mais je voulais absolument faire un bac spécifique ! Un bac plus long et large que haut, d'une surface minimale de 90cm X 40cm peut facilement accueillir 3 couples voire même 4 couples avec des planques aménagées pour les individus solitaires.

Niveau bac, on peut opter pour plusieurs types d'aménagements :

* un aménagement classique avec les coquilles d'escargots de Bourgogne disposées sur un sol de sable fin (disons une coquille tous les 5-6cm voire des tas plus regroupés et séparés si on envisage une maintenance en groupe)
* un aménagement spécifique en prenant en considération leur mode de vie à l'état sauvage ! L'opération consiste à planter obliquement des tubes (je les préfères clos) de pvc ou en terre cuite (cas chez moi) dans les 5 cm de sable fin. On les remplira au 4/5 de substrat. Niveau espacement, également 5 - 6 cm.


Il est aussi possible de combiner coquilles et tubes, c'est d'ailleurs pour cette solution que j'ai opté !

La nourriture et comportement :

La nourriture a ici un rôle essentiel, elle est source de vitalité et de bien-être chez nos écailles ! Dans le milieu naturel, ils se nourrissent des animaux du plancton et de petits crustacés. On essaiera donc de répondre à ces besoins en leur apportant daphnies, artemias, cyclopes, parfois du krill mixé, nourriture maison à base de poissons, cocktail fruits de mer. Ils acceptent aussi les aliments lyophilisés mais ils sont bien entendu moins riches et moins stimulants. Le signatus se déplace souvent à même le sol et lorsqu'il monte en surface pour se nourrir, sa nage est quelque peu maladroite. Ce petit lamprologus a donc su, une fois de plus, s'adapter. En effet, j'ai remarqué que les individus adultes mettaient les particules de nourriture présentes sur le sol en suspension par des mouvements coordonnés du corps afin de s'en saisir. Ce comportement doit être similaire en milieu naturel et les générations qui suivent ne semblent pas perdre cet instinct naturel !

L'évolution des mœurs - la cohabitation :

C'est un petit cichlidé assez caractériel et il sait, quoiqu'il arrive, se faire respecter ! Même face à plus gros que lui ! Dans un groupe, une véritable hiérarchie s'installe, le mâle dominant établira le plus grand territoire et possédera le plus de coquilles ou tubes. Il y naviguera sans cesse afin d'examiner l'aspect de ses nids. Les autres mâles se feront pourchasser et seront de simples subalternes qui posséderont quelques coquilles isolées! Pour les femelles c'est un peu différent, il y a aussi une hiérarchie au sein du groupe mais elle est moins marquée, elles sont par ailleurs logiquement dominés par les mâles (comme toujours :o) ) et leur territoire, lorsque celui ci existe se limite à une coquille ou deux pour les spécimens solitaires. Bref il vaut mieux avoir une surface de sol importante pour pouvoir maintenir une colonie. Je préconiserais plutot une maintenance en couple dans un bac d'une soixantaine de litres minimum.

Si l'on envisage de les faire cohabiter avec d'autres écailles, il faut éviter les grosses espèces prédatrices (gros lepidiolamprologus) et celles trop turbulentes (tropheus / petrochromis) ou à risque (cyphotilapia)! ils se marient généralement très bien avec d'autres pétricoles et un banc de cyprichromis, voire si le volume le permet des sabulicoles.

Le reproduction :

Elle est pas toujours évidente ! En effet, il faut posséder des sujets qui s'entendent ! Je n'avais qu'une seule femelle dans un bac de 64 Litre en présence de trois mâles dont deux qui ont vite été relégués dans un espace restreint par le dominant. paradoxalement, c'est plutôt la femelle qui fait les avances ! De toute façon, elle en a plutôt intérêt sinon le mâle risque de la repousser en dehors des limites de son territoire. Je n'ai toujours pas trouvé d'autres femelles, mais j'ai déjà pu observer les signatus chez d'autres personnes et le mâle s'occupait toujours de la même femelle. Les couples semblent donc se former et les individus ne seraient pas polygames à la différence de nombreux conchylicoles. C'est d'ailleurs ce que je constate chez moi. Depuis la première ponte, les deux amoureux ne se quittent plus d'une écaille ! On ne s'en rend généralement pas tout de suite compte de la ponte, c'est lorsque la femelle commence à disparaître dans son tube de pvc ou sa coquille que l'on commence à comprendre qu'il se passe quelque chose d'intéressant et il semblerait que ce soit elle qui choisit son lieu de ponte et non le mâle ! Dans mon bac, la femelle a choisi la coquille qui était présente sur son territoire et non l'un des nids du mâle. Après une dizaine de jours, j'ai remarqué les premiers alevins faire des bonds minuscules à même le sol ! Ils étaient à la fois sur le territoire du mâle et celui de la femelle. La garde n'est pas exemplaire, il y a des jeunes dans tous les coins, mais si un prédateur s'approche, il en prend quand même pour son matricule ! Niveau nourriture, pour le moment, j'essaie d'alterner nauplies d'artemia et infusoires (riz paddy) et la croissance semble assez lente ! J'attends donc la suite de la croissance pour vous en dire un peu plus sur mes bébés signatus.
voilou, on y est, les jeunes font à présent 1 à 2 cm pour les plus gros après 3 Mois ! Le gros hic, ce sont les parents, ils ne les tolèrent plus sur leur territoire dès qu'ils atteingnent la taille d'un petit centimètre...et oui, ils préfèrent enchainer de nouvelles pontes. Si le bac offre suffisemment de cachette, c'est super ! Par contre, dans un trop petit bac, il risque d'y avoir des pertes et la séparation reste l'unique solution.



Texte : Jonathan Bouquerel.
Photos : Raphaël Lang.