Le calvus est un de mes cichlidés favoris ! Lui et son proche cousin le compressiceps ont la particularité physique d'être très fortement compressés latéralement. Mais si le compressiceps a une allure plus "rustique", le calvus a une boîte crânienne beaucoup plus fine et élancée, qui lui donne encore plus de prestance. C'est vraiment un poisson élégant, un des plus beaux selon moi :-) , un incontournable du Tanganyika dont il est endémique.
Ah oui, ajoutez à ça un vrai caractère digne d'un cichlidé... Nous y reviendrons souvent...

Description :

Nous l'avons dit en introduction sa particularité première est ce corps fortement compressé. cette espèce se nomme calvus (chauve en latin), en raison du manque d'écaille sur la pente crânienne (le compressiceps en dispose en revanche).

Il en existe plusieurs variétés chromatiques, toutes bien évidemment aussi magnifiques les unes que les autres. La variété noire est la plus répandue dans le hobby, mais on trouve aussi une variété blanche de Chaïtika et une jaune de Nkamba baie. On a vu récemment apparaître des specimens sauvages plus noirs encore que la variété dite "black". Cette variété géographique est commercialement nommée "calvus black, black pectoral" car ils sont bien plus foncé sur la région des nageoires pectorales et dégagent à mon goût encore plus de force !

Mieux qu'un long discours, en voici quelques photos :


Altolamprologus calvus "White"


Altolamprologus calvus "Black"


Altolamprologus calvus "Black pectorale"


Altolamprologus calvus "White"

Comportement :

Poisson très tranquille en aquarium et relativement craintif face au public humain scotché devant les vitres.
Il passe son temps en pleine eau non loin des roches à attendre que passe une paillette, ou un alevin malheureux. Parfois il se balance calmement d'avant en arrière, comme s'il allait fondre sur une proie d'un instant à l'autre.
Relation interspécifique parfaite : ils ignorent totalement les autres espèces de l'aquarium et en retour ne craignent pas grand monde avec leurs 15cm et leurs flancs armés d'écailles cténoides, petits bijoux défensifs.
En revanche, et je le détaillerai plus tard, j'ai eu de nombreux soucis dans les relations intraspécifiques. Ils ne se font pas de cadeaux entre eux, la mort guette les dominés.

Maintenance :

Connaissant son comportement parfois violent, il faut vraiment envisager un aquarium de 300 litres minimum pour un couple avec d'autres espèces qu'il ignorera totalement.

Si la reproduction échoue en bac communautaire on peut temporairement les placer dans un bac mono-spécifique plus modeste avec un maximum de cachettes adaptées à leur morphologie et des décors mineraux ou végétaux pour créer des barrières visuelles. (Ardoises disposées verticalement, murs de vallisnerias, etc...).

astuceA retenir : A long terme, pour une maintenance correcte de sujets adultes, il faut absolument un bac de 300 litres minimum chargé en pierres.


Tout dépend aussi du couple sur lequel vous tombez ! S'ils sont calmes ; vous réussirez facilement la maintenance et la reproduction, mais si un des individus se montre tyrannique ... c'est tout autre choses...

Lorsque j'ai ramené mon couple de black sauvages, je les ai mis seuls dans un bac avec un maximum de roches, anubias et une grosse coquille de gastéropode marin pour créer un site propice à la reproduction. je vous gâche tout de suite le suspens, ce fut un échec de maintenance malgré de nombreuses reproductions.

L'individu black sauvage dominant (15 cm) s'est vite mis à vouloir faire sauter l'autre (13cm) hors du bac en lui montrant la sortie.
J'allais perdre un spécimen, j'ai dû réagir dans l'urgence et j'ai choisi de leur imposer la collocation. J'ai séparé en 2 l'aquarium par un plexiglas transparent.

Le plus gros tenta pendant quelques heures de taper ce plexi puis s'arrêta. Les 2 poissons eurent le temps de faire "un peu de gras" au calme. Quand un jour je découvris les 2 poissons l'un à côté de l'autre, les flancs près du plexi et sans aucune agressivité.
Je me suis dit "AAaahh enfin ! Le couple est formé ! LOL " et je pris la résolution après plusieurs semaines d'isolement d'enlever enfin la séparation.

Le ventre du calvus de 15cm (que je prenais pour un mâle dominant et agressif et qui se révèlera plus tard être la maman du genre plutôt dominatrice...) bref le ventre du dominant était bien rond. Mais je ne me rappelle pas avoir remarqué si l'oviducte était ressorti, car je le prenais encore naïvement pour le mâle qui avait fait de bons repas.

Après quelques explications agressives, tout rentra vite dans l'ordre et chose très belle à observer : ils leur arrivaient de nager l'un au dessus de l'autre ! ou de rester dans cette position à observer calmement la vie dans la pièce à poisson.

J'étais alors très content, mon couple s'était accepté, et calmé. Un superbe bac à observer avec seuls : leurs majestés calvus. Mais ce fut un rêve de courte durée, la tempête revînt rapidement "le mariage une fois consommé" !
En effet un soir en rentrant, je ne vis plus qu'un calvus, le gros ne sortait plus de la coquille pour protéger ses larves. C'était gagné, une cargaison de calvus black F1 allait arriver 8-) ! Bonheur... Je récupérais les larves au bout d'un peu moins de 3 semaines, en remuant le coquillage dans un petit aquarium d'alevinage, tout content d'avoir reproduit ce couple de sauvages au caractère difficile.
Mais nous y voila ! La femelle une fois libre de ses fonctions, reprît vite ses vilaines habitudes et m'écailla le mâle en quelques jours ...
je l'ai retrouvé une fois dans la galerie d'éclairage, une fois dans la décante, deux fois sur les renforts de l'aquarium... et à chaque fois j'arrivais à temps, ce brave mâle était résistant.

Le couple ne s'était donc pas accepté définitivement, seulement très temporairement supporté !

Je dû donc les re-séparer par du plexi... ce pauvre mâle n'avait pas la vie facile à se faire ainsi éplucher après chaque repro.

Il y eût ainsi plusieurs "sessions" de reproduction et d'isolement. Jusqu'au jour où le mâle épuisé mourru. Grrrr...

Pour anecdote, j'offris ma femelle reproductrice en pleine force de l'âge à un ami ... le super cadeau empoisonné... Elle lui tua ses autres calvus black d'élevage pourtant adultes et dans un volume correcte (plus de 400 litres). Sacré tempérament celle là quand même ...

astuceA retenir : Le comportement intraspécifique est le point difficile à gérer de cette espèce.


Pour résumer ma petite expérience : Je suis tombé sur un individu particulierement agressif, et même si mes calvus sauvages se sont reproduit régulièrement, je considère leur maintenance comme un échec.

En revanche, je n'avais eu aucun souci avec des sujets d'élevages, A. calvus white ou leur cousin A. compressiceps, qui vivaient tranquillement devant leurs grottes respectives en attente du "casse dale" quotidien. C'est d'ailleurs sur ces réussites que j'ai voulu passer au sauvage adulte ... Je ne m'attendais pas a accueillir de la dynamite ... ;-(
Une large partie de mon échec repose bien sûr sur le caractère de la femelle vraiment difficile, mais le volume y est aussi pour quelque chose. Dans un volume à partir de 600 litres, l'agressivité aurait put être dissipée.


Alimentation :

Personnellement et pour des raisons pratiques, je donne beaucoup de surgelés : artémias, krills, ... en alternant avec des paillettes "vertes" de qualité.

Reproduction :

La reproduction est d'une difficulté moyenne. Le plus difficile est de trouver un couple qui se supporte, puis un espace de ponte adapté qui leur plaira.

Avant de mettre les 2 protagonistes achetés adultes dans un même bac, il est préférable de les garder séparément et d'attendre que la femelle soit gravide avant de les réunir définitivement. Le couple s'acceptera alors bien plus facilement. Pour un groupe de jeunes élevés ensemble le problème ne se pose pas : le couple se forme doucement avec le temps.

Pour reproduire l'espace de ponte, il faut imiter les failles et interstices des roches mégalithiques typique du biotope du lac Tanganyika. Pas facile en aquarium ! Alors la solution bien connue et répandue dans le hobby est de prendre un gros coquillage de gastéropode marin. ça fait très bien l'affaire, et l'esthétique n'est pas choquante, on s'y fait.

La première reproduction eût lieu 2 mois après l'arrivée du couple sauvage adulte. Les sujets d'élevage qui ont grandi chez moi se sont reproduis doucement dès 5/6cm.

La quantité de larves des sujets sauvages fût impressionnante mais a vite décliné pour se stabiliser : près de 200 la première fois, un vrai nuage d'alevins dans le bac ! Ensuite, les reproductions suivantes se sont très vite réduites et stabilisées à 60 jeunes environ.
Je pense que la femelle était gravide depuis longtemps. Voyages, quarantaines, acclimatations, elle n'avait pas eu l'occasion de se reproduire. C'est pourquoi à mon avis, la première repro donna autant de jeunes.

Elevage des jeunes :

Long, très long, 8-O ! Il faudra vous armer de patience et faire tourner les éclosoirs à nauplies d'artémias à plein régime ! Vraiment minuscules et nombreux à la nage libre, ils n'acceptent que les nauplies, microvers, etc... Il faudra attendre des jours, voir des semaines pour passer à autre chose de plus gros et plus pratique (surgelés).



Voilà ! j'espère que mes "petites misères" décrites ici avec mes sujets adultes sauvages à fort caractère vous encourageront à leur offrir un volume décent et plus si affinité !


Texte et photos : Raphaël Lang (AFC 0422.94)