Systématique :

Le genre Xenotilapia fut classé par Poll en 1956, et fut révisé en 1986. Aujourd’hui, le genre contient 13 espèces, boulengeri ou sima, burtoni, caudafasciata, flavipinnis, longispinis, nasus (découvert en 1996), nigrolabiata, bathyphilus et ochrogenys seraient des espèces sympatriques, ornatipinnis, papilio et le fameux spilopterus. Ce genre est très compliqué. En effet, il est possible de séparer ces espèces en deux avec des caractères qui ne se retrouvent pas forcement dans chaque groupe en fonction du critère choisi. Ainsi le genre peut être scindé en deux, l’un comprenant les incubateurs buccaux maternels et l’autre les espèces qui forment des couples durant la période de reproduction et qui utilisent une incubation buccale biparentale. De même, on pourrait séparer le genre en deux, voire en trois, avec les espèces sabulicoles, rocheuses et vaseuses. Il en résulte donc que la systématique des Xenotilapia est un domaine relativement complexe, comme vous pouvez imaginer, ce qui n’est pas facilité par les variations des formes géographiques.





Maintenance :

Concernant la maintenance, je conseillerais un aquarium avec une surface au sol de 150 x 50, des aquariums avec des volumes à partir de 300L sont suffisants pour un couple. Si vous désirez en maintenir plus, je vous le déconseille, à moins d’augmenter le volume. Mais Madame ne sera pas forcement d’accord, 450L en plus à la maison….. outch. Ad Konings fait remarquer le risque que le couple se dispute et qu’un des deux poissons finisse par se tapir dans un coin de l’aquarium, lors de la maintenance d’un seul couple.

Personnellement, j’ai séparé mon groupe en couples qui se sont formés. Mon couple s’est séparé durant deux semaines puis s’est reformé. Il faut savoir que ce poisson est très intolérant en ce qui concerne son comportement intra spécifique dans des aquariums trop petits, et va même jusqu’à tuer ses rivaux, alors offrez-leur de l’espace…

Je vous conseillerais comme décor une grande bande de sable fin, bien entendu comme avec la plupart des Xénotilapia, mais également de placer un grand nombre de roches sur la face arrière de l’aquarium, ce qui permet aux poissons de se protéger en cas de stress. Car comme tous les adeptes de ces poissons le savent bien, la plupart des sabulicoles sont des poissons stressés et le moindre mouvement trop brusque et hop…. Dans une vitre !!!! Ainsi dans la catégorie saut en hauteur facile, les spilopterus doivent en être les champions.





Comportement :

Un bac communautaire leur convient très bien car ces poissons sont relativement calmes, (mais je le répète, cela reste valable pour des bacs avec de l’espace) mais il faut faire très attention à ses colocataires. En effet, par exemple, Cyphotilapia frontosa va les couper en deux, et se régaler, ils flottent tout de suite moins bien, alors n’essayez même pas de tenter l’expérience… Le tout est de trouver le juste milieu. Les Neolamprologus leleupi ne leurs posent aucun problème, tout comme Altolamprologus compressiceps, Cyprichromis, ou encore les Limnochromis.

Lorsqu’un couple est formé, le territoire est protégé en permanence. Dans la nature, les couples de X. spilopterus défendent un territoire d’un diamètre de deux mètres. C’est pourquoi je vous conseille de ne pas maintenir ces poissons en quantités trop importantes même si le territoire dans l’aquarium est moins important…

Alimentation :

Lorsque j’ai eu mon groupe de Xenotilapia, mon plus gros problème a été de les faire manger. J’avais trois sortes de nourritures, mais aucune ne leur convenait. Une fois attrapée, ils la crachaient. Après deux ou trois essais, ils ont très bien accepté les paillettes à base de spiruline, qui semble être importante pour eux.

Mais ceci est vraiment arbitraire, car après un souci de place je me suis vu dans l’obligation de placer un Xenotilapia dans le bac des Limnochromis auritus, ce dernier a fini par accepter des granulés destinés au Limnochromis, et les préféraient à sa nourriture en paillette. Bien sûr, je ne recommande pas cela car les Xenotilapia ont une mâchoire fragile et qui s’irrite très facilement ; c’est pourquoi, même si je n’ai aucun problème avec cet individu, je vous invite à leur donner des paillettes.

Reproduction :

Une fois le couple formé, on peut observer un léger changement du patron de coloration, ainsi que l’apparition d’une bande noire qui traverse l’œil verticalement, ce qui semble signifier l’imminence d’une ponte ; mais j’ai également observé cette bande quand le poisson prend une posture d’intimidation. L’incubation est biparentale. Dans un premier temps, c’est la femelle qui garde les œufs en bouche. Au bout d’une semaine et demie, le mâle récupère les larves et finit l’incubation durant une semaine. Au bout de se laps de temps, le mâle va libérer le frai, le territoire est alors défendu ardemment. Durant les premiers jours du lâcher du frai, dès qu’il y a un mouvement dans la pièce de l’aquarium, le mâle reprend toute sa petite famille dans la bouche, pour les relâcher quand tout est calme. La croissance est lente ; pour atteindre leur taille d’une dizaine de centimètres, il faudra un peu plus de deux ans et beaucoup d’espace.





Conclusion :

Les Xenotilapia ont une phylogénie compliquée, tout comme leur comportement. Ce sont des poissons passionnants tant à étudier qu’à observer. Le risque pour des personnes qui les maintiendraient dans des espaces trop petits serait de modifier leur comportement et ainsi d’augmenter leur agressivité intra spécifique. J’espère que je vous aurais donné envie de tenter l’expérience.



Texte et photos : Benoit Fighiera (AFC 0561.78)

NDLR : Passez voir Benoit sur son site : perso.orange.fr/aqua.tanga !