Couple formé de Steatocranus casuarius sauvages devant leur grotte. On remarque le dimorphisme sexuel, la femelle est 2 fois plus petite.


Mâle sauvage adulte de 10 cm environ.


Femelle sauvage de 5cm.


Papilles génitales du mâle


Papilles génitales de la femelle


Article écrit sur l’expérience de maintenance d’un couple d’individus sauvages et de leur nombreuses progénitures en bac monospécifique puis communautaire.

J’ai acquis le couple à Abysse (magasin réputé de la région parisienne). Ça faisait quelques années que je louchais sur ces espèces rhéophiles, tous les Steatos, Teleogramma brichardi, etc… qui ont dû s’adapter à leur milieu par une morphologie atypique.

J’ai donc décidé de profiter de cet arrivage de poisson sauvage du fleuve Congo pour observer une première espèce rhéophile en captivité.

Maintenance :

Le couple a été placé seul dans un bac modeste d’un mètre de façade. Des racines et des roches formant des grottes pour rappeler leur biotope. Une épaisse couche de sable fin pour leur laisser exprimer ce tempérament de terrassier d’exception qui les caractérise. Et enfin pour le plaisir de l’œil, quelques plantes sont ajoutées (les très classiques vallisneria sp.) et offriront en plus quelques barrières visuelles supplémentaires.

A retenir : Ils sont très inféodés à leurs grottes et au substrat , ainsi on peut se contenter d’un volume modeste (120, 150 litres). Mais dans votre choix de la cuve, surtout privilégier la surface au sol plutôt que la hauteur !


Pour la qualité de l’eau, j’ai fait plusieurs expériences et ils sont vraiment très tolérants. Je les ai d’abord maintenus dans de l’eau du robinet plutôt dure (région parisienne). Puis après achat d’un osmoseur, j’ai très progressivement adouci leur milieu à chaque changement d’eau.

Il y a eu reproduction aussi bien en eau dure (minéralisé) qu'en eau douce (très faiblement minéralisé), et pas de changement de comportement.

Les nitrates ne sont pas mesurables dans ce bac avec les tests du commerce, car il y a une faible population, de nombreuses plantes à pousse rapide consomment les nitrates, et enfin des changements d’eau réguliers et importants avec une grosse proportion d’eau osmosée.

Température de l’eau, 23/24 degrés, avec un bon brassage, 2 pompes de 600 litres/heure installées juste sous la surface pour une meilleure oxygénation. Il y avait ainsi des zones bien brassées et d’autre très calmes à l’abri des racines.

A retenir : pour leur maintenance, se concentrer sur un bon brassage (oxygénation), un décor bien réfléchi adapté à leur mode de vie et bien sûr des changements d’eau réguliers. Il n’est pas nécessaire d’osmoser l’eau pour tenter de reproduire les paramètres de leur milieu naturel, l’eau de conduite brassée suffit bien !


A l’introduction dans le bac, les 2 individus stressés ont immédiatement disparu ensemble sous les amas de roches se rassurant l’un l’autre. Leurs couleurs étaient alors très claires, avec un léger damier gris. Puis la panique retombée, ils ont décidé de faire « grotte à part » et ont passé bien 2 mois à s’ignorer, parfois le mâle poursuivait sans grandes convictions la femelle pour la chasser de ses grottes. Depuis l’achat la femelle était visiblement gravide, elle montrait un ventre bien rond et un oviducte à la limite de l’explosion. Pourtant le mâle n’était pas intéressé.
Du jour au lendemain, le couple s’est formé et ils ont fait grotte commune, se promenant nageoire dans la nageoire, un vrai couple. Alors je cherchais des indices d’une ponte, mais toujours rien. Quelques semaines plus tard, j’ai vu un discret petit nuage d’alevins sortir de derrière une racine. Bien sûr j’étais ravi, les jeunes sont aussi amusant à observer que les parents avec cette nage maladroite en plein eau !

Reproduction : Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants…

Les casuarius sont des pondeurs sur substrat caché, ils pondront sur les parois d’une grotte ou derrière quelques racines, toujours bien à l’abri des regards. La reproduction n’est donc pas évidente à observer, tout comme la garde parentale des oeufs.
Seul indice, le couple ne sort plus de sa grotte, ils ne s’alimentent plus ou très peu, ils restent fidèles au poste à défendre leurs œufs. Au bout de 2/3 semaines c’est la nage libre. Un petit groupe de jeunes évolue autour de la grotte sous la constante protection des parents. Le mâle s’occupe de protéger le périmètre, la femelle reste plus au contact des jeunes, comme seconde défense.
De toute façon les jeunes sont malins et bien adaptés à leur milieu, à la moindre alerte ils se cachent au milieu des pierres où ils sont en sécurité.
Au cours de mon expérience de maintenance, j’ai maintenu les Steatos seuls ou avec des petites espèces d’alestidés ou de cichlidés, et leur comportement de défense à toujours été le même qu’ils soient seuls dans le bac ou non.
Toutes les 6 ou 7 semaines, une nouvelle ponte avait lieu. Avec la faible prédation et l'excellente garde du couple, je fut vite envahi par la marmaille !
Récemment en changeant de bac, (pour les mettre dans un communautaire de 600 litres), j’ai brisé le couple pourtant fidèle depuis longtemps. Ils vivent à part aux extrémités du bac. Mais j’avais eu mon lot de reproductions et d’observations alors pas de regret !




Jeunes de quelques jours


Coloration et décor :

J’utilise un sable que je trouve parfait pour sa très faible granulométrie, mais je lui reproche sa clarté. Alors comme le substrat est clair et reflète l’éclairage, les poissons ont adoptés une robe gris beige, pas fantastique à vrai dire. C’est en les changeant de bac, dans un décor sombre volontairement sous éclairé, qu’ils ont pris leur teinte gris/bleu ardoise qui leur va si bien.






Mâle avec une couleur particulièrement superbe et une bosse adipeuse étonnante ! photos de Benoit DMC.

A retenir : L’environnement a son importance sur leur aspect et leur comportement. Dans un aquarium sombre ils seront en confiance, se montreront plus. Attention ! Ils passent leurs journées à jouer au Caterpillar, choisissez un sable non abrasif (du sable de Loire très fin par exemple, mais surtout pas de quartz, bien trop coupant.)


J'espère que cet article vous aura donné envie de tenter l'expérience avec cette espèce !



Texte : Raphaël Lang
Photos : Benoit DMC et Raphaël Lang


cliquez pour agrandir A lire :

Vous pouvez télécharger ci-contre le scan de la description de l'espèce par le Dr Max Poll. Document tiré des annales du musée du Congo Belge, "Les poissons du Stanley-pool", décembre 1939, page 47

(Merci à Hervé)